Tirer des leçons. S'avouer la cruauté de cet épisode. Aucun intérêt puisque mon arrivée ici n'était pas un choix...et d'ailleurs quel type de frénésie pourrait pousser une personne à s'exiler dans "ce monde" ?
Mais finalement, était-ce si douloureux ?
Voilà bientôt 10 mois, soit environ 305 jours ou encore 7320 heures -cet aspect est effrayant- que ma vie a basculé :
"-Melle MONTOYA, vous venez d'être affecté à Viane.
-Viane ? C'est où ça ?
-A une dizaine de kilomètres de Lacaune.
-Aïe.
-Oui, je sais (silence de compassion). Et (notez l'importance de cette conjonction de coordination) vous êtes affectée à l'ITEP.
-A l'I quoi ?
-C'est un établissement spécialisé pour les enfants atteints de troubles de comportement."
Autant dire qu'à cet instant, une seule chose s'impose : "chialer" un bon coup !
Mais aujourd'hui j'ai arrêté de pleurer, je refais mes cartons, je me prépare à quitter mes collègues, mes élèves, ma coloc., mes amis Lacaunais (qui se comptent sur les doigts d'une main), le jambon et je suis heureuse.
Heureuse de partir, certes, mais fière d'avoir survécue, emballée par mes souvenirs.
Quelques phrases ne suffiraient pas à résumer l'intégralité de cette expérience.
Alors "Brainstormons"... (entre colocataires)
D'abord la neige, la neige, la neige, le froid, le gel et la neige...mais des fois, nous notons un léger mieux : la pluie agrémentée de brouillard. L'ennui, le tournage de pouces, en rond, les petits déjeuners dépressifs, les pancakes, les repas en tête à tête avec Obélix surtout celui au boudin. Ses blagues (involontaires) et les carrières Garenq et BITEetROISES. La piscine et le footing (euh ça, NON !). Le cochon, omniprésent. La pluie. Les champignons. La route qui tourne, qui zigzague ou avec pleins de virage. Les routes enneigées, verglacées, embuées. Les essuie-glaces décédés. Le braquage, les cambriolages, LE meurtre. Les insultes de mes élèves. Mais tout de même, les fous-rires, le casino, les week-end entre amis, en famille, les rencontres (peu nombreuses mais importantes!), le Maloya, le Globe, la maison, les pantoufles, la cuve de gaz, les séries TV, radionova, la matinale de France Inter, la sauce soja et les avocats. Les photomontages d'Aurélie, le tuning, les pétages de cables, les histoires d'Alain, la non-productivité. Le sac à faire, à défaire et à refaire. Les aménagements d'intérieur. La grande "tola"'. Fatima, le championnat de soupe au fromage. La soirée discothèque et son récup verres (!!), la douche froide, "le chasseur français", les crèmes au chocolat. La désertion des colocataires, la chute d'Obélix. Les soirées non-TV, la luge, les photos, les promenades en bonnet. Le "géant" Casino, le Shopi. Les gilets en laine, ressortis de leur carton au mois de mai. Les livres, les livres, les tisanes. La disparition du frigo...
Finalement, ce fut une riche expérience... J'ai beaucoup appris, professionnellement -assurément- mais personnellement -sans conteste-. Et aujourd'hui je suis sûre d'une chose : le coeur rempli, il est possible de vivre au bout du monde...Alors merci à VOUS !
